lundi 25 juillet 2022

Souvenirs de chambre d'isolement

 

Décembre 2018

Je suis seule, enceinte, dans une chambre avec un lit accroché au sol, un drap, une couverture, à côté une petite salle avec des toilettes et un lavabo. Au début je suis attachées, contentionnée au niveau des mains, des pieds et du torse. Plus tard je n'aurai plus accès aux toilettes, elles seront fermées à clé, car j'ai fait des « bêtises », dans un élan de délire j'ai renversé de l'eau partout dans ma chambre. J'ai donc désormais en guise de toilettes, un seau et c'est tout. Les médicaments à haute dose me donnent soif, je crie, j'appelle à l'aide, j'ai peur de faire une fausse couche, j'appuie sur un bouton qui est sensé appelé les soignants, mais personne ne vient. Plus tard je leur demanderai pourquoi ils sont pas venus, ils m'ont juste dit qu'ils voyaient qu'une lumière s'allumait dans ce qu'on appelait « la bulle » (la bureau des soignants), mais qu'ils ne faisaient pas toujours attention. Je délire, je chante, ça va du générique de Trotro que je regardais avec mon fils aîné à des chansons de Dadju que je calque à ma vie sur le coup. Je n'ai plus mes lentilles, plus de lunettes pendant des jours entier et ma vue est très faible donc j'ai du mal à reconnaître les gens. Un soignant s'appelle Christophe comme mon père, je crois que c'est mon père, tout est flou je suis complètement perdue, je n'ai aucune notion du temps, je ne sais plus quand est le jour ni quand est la nuit. Pendant 3 semaines je ne vais pas voir mon fils qui a 2 ans, autant dire une éternité. Je n'ai pas non plus le droit de voir mes proches, sauf un petit peu mon ex-conjoint mais ceux qui me connaissent savent quelle fut son utilité à ce moment là. Je serai même en fauteuil roulant pendant quelques jours, les médicaments étant à des doses tellement fortes qu'ils me coupèrent les jambes littéralement. Je sais que les gens sont gênés quand je leur parle de ça, on me dit « allez va de l'avant, passe à autre chose ». Oui je suis passée à autre chose mais je n'oublierai jamais ce que j'ai vécu c'est impossible. A cause de l'enfermement de force, après tout ça je ne pouvais même plus prendre l'ascenseur, ni même m'enfermer dans des toilettes publiques ou privées. J'étais tellement désespérée en étant enfermée que j'ai même essayé d'embrasser un soignant pour qu'il me donne ses clés... (oui l'espoir fait vivre).

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